Dans ce roman d’une intemporalité saisissante en ce qui concerne l’émancipation des femmes, Benoîte et Flora Groult nous content l’histoire d’une trahison vieille comme le monde.
Marianne et Jean sont mariés. Juliette, l’amoureuse d’enfance de Jean, est devenue une amie proche de Marianne et passe une grande partie de son temps chez eux, partageant les joies simples de l’amitié profonde qui les lie.
Mais un jour, Jean retrouve des sentiments profondément enfouis en lui et décide (avec l’accord de celle-ci) de prendre Juliette comme maîtresse. Une fois cette question réglée, il annonce sa décision à Marianne : il l’aime mais il aime également Juliette, les deux femmes devront donc s’arranger car lui a réglé sa part en étant honnête avec chacune.
Après cette annonce, Marianne tente de le mettre face à la réalité d’un quotidien qui s’annonce difficile pour elle. Mais lui n’a pas le courage de regarder les choses en face, il préfère rester dans le flou de ses propres sentiments et envies.
Le récit se partage en chapitres dans lesquelles Marianne nous parle à la 1ère personne du singulier, puis Juliette. Cette méthode stylistique nous fait entrer pleinement dans la complexité des sentiments des deux femmes. On assiste à la dissection des sentiments amoureux. On ressent de l’empathie pour chacune, mais surtout on ressent l’inconfort, les doutes, les suspicions, le mal-être et la jalousie de chacune envers l’autre.
Elles se renvoient la balle de la responsabilité sans qu’à aucun moment celle de Jean ne soit mise en cause. Elles décident de s’adapter aux désir de l’homme sans jamais remettre ce désir en question.
A aucun moment, les autrices ne laissent la parole à Jean, en faisant un personnage central et pourtant absent. Ce sont les émotions des femmes qui nous intéressent ici.
Un roman qui pousse à la réflexion.
Citation : « Si on te met des problèmes devant le nez, tu dépéris comme une plante d’ombre que l’on collerait au soleil. Je ne veux pas que tu dépérisses, ma vie, je vais me taire encore un peu ».