Une approche hybride du sujet entre sciences humaines et récit personnel, parfaitement maitrisée, rendant le discours clair et incarné.

L’autrice commence par définir l’antisémitisme comme un racisme car résultant d’un processus de racialisation. Elle n’en nie pourtant pas les différences en remarquant notamment que l’antisémitisme renvoie à une vision du monde dans laquelle les Juifs détiendraient une position de pouvoir qu’ils utilisent pour conspirer et subjuguer alors que les autres racismes renvoient à des positions d’infériorité.

Pour autant, être juif dans un système raciste c’est être perçu comme juif, peu importe la façon dont l’individu vit ou ne vit pas son judaïsme.
Elle part de sa position située de femme juive et raconte son expérience qui reflète celle d’une grande majorité des juifs, savoir que l’antisémitisme a joué dans sa construction identitaire. Que son rejet conditionne ses peurs, ses réflexes de survie et crée une cuirasse qui empêche toute légèreté quant à son identité juive.

Elle démontre qu’on ne peut être juif « sans y penser », comme un état de neutralité et que c’est précisément cela être racisé, porter constamment le poids de ce que les autres projettent sur nous et qui nous oblige à penser comme. Elle rappelle également la confusion trop souvent présente entre antisémitisme et antisionisme, et à quel point il est vital de détacher la question israélo-palestinienne de la lutte contre l’antisémitisme.

Pour l’autrice, la prise en compte de l’antisémitisme, sa légitimité et la perception de son urgence ont décrus, alors même que nous avons un exemple récent de circulation des théories conspirationnistes au sujet de l’implication des Juifs dans la pandémie du Covid-19.

Dans une seconde partie du livre, elle analyse de quelles façons et par quels canaux se manifeste l’antisémitisme à gauche, allant de l’ignorance de cette lutte à l’antisémitisme plus ou moins conscient et assumé et sa récupération par l’extrême droite.

Mais elle conclut surtout par un immense message d’espoir en nous poussant vers l’une des armes politiques les plus puissante : la convergence des luttes.
Sans dissoudre pour autant les particularismes de chacune des communautés, elle nous montre qu’il existe à l’intersection des luttes, un potentiel de démultiplication des forces et des ressources. Elle nous rappelle qu’il est impératif de passer du paradigme de la compétition mémorielle et victimaire à celui de la multiplication des forces par la reconnaissance mutuelle.

Un ouvrage complet, puissant et qui donne envie d’agir !

Je recommande !

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