« Mes traits ont déjà changé à cause de mon père et je suis devenue moche, alors ne t’avise pas de jouer à me changer toi aussi en me faisant devenir belle. Je suis fatiguée d’être exposée aux mots des autres ».
Dans ce récit, Elena Ferrante nous plonge à nouveau au cœur de la ville de Naples, entre les quartiers chics et ceux dans lesquels la misère déborde.
On suit le passage de Giovanna de son enfance à son adolescence, lorsqu’elle commence à prendre du recul sur le monde qui l’entoure.
Le jour où elle entend son père dire en aparté à sa mère qu’il trouve que leur fille ressemble à sa sœur, Vittoria, le canard boiteux de la famille, les certitudes de Giovanna basculent. Elle qui se pensait aimée, chérie, entourée dans un monde calme et serein, se met à douter de son univers.
Elle prend contact avec cette tante pour comprendre les paroles de son père, chercher des ressemblances entre elles, et c’est une femme avec un caractère brutal tant dans ses joies que dans ses peines, qu’elle rencontre.
Elle prend conscience qu’il existe deux mondes, celui « d’en haut », des intellectuels, dans lequel elle gravite, entourée de professeurs et de débats politiques et littéraires, et celui « d’en bas » dans lequel vit sa tante et toute une partie de sa famille, dans une relative misère sociale et intellectuelle.
Toutes ses illusions sur sa famille chavirent, elle comprend que ses parents se trompent mutuellement, que le couple n’est pas ce qu’il parait être, que ses parents sont des êtres humains faillibles.
Elle rencontre également des adolescents, des femmes et des hommes plus âgés de différents milieux sociaux qui la fascinent et la façonnent. Elle tente de trouver sa place dans ce monde bien plus vaste, au travers de réflexions sur son corps, son intellect et son rapport aux autres.
Comme dans la saga de « L’Amie Prodigieuse », l’autrice nous offre une plongée au cœur de l’Italie avec une écriture profonde. On en ressort ravis d’avoir dépassé cette période adolescente si troublée.